Quand j’ai commencé ma formation de coach et consultante en éducation, nous avions des exercices à faire entre les formations. Nous devions nous écouter entre collègues, faire des sessions de coaching entre nous quoi.
Au début, j’avoue que je me suis vraiment demandé de quoi j’allais bien pouvoir parler pour que mes collègues s’entraînent. Certes ce n’était pas tous les jours simple à la maison, mais de là à avoir besoin d’un coach parental ?
Les idées préconçues
Tu verras, une fois qu’il sera là, ça viendra tout seul. C’est dans nos gènes d’être parent.
Combien d’entre nous ont entendu ce genre de phrase ? Que c’était inné d’être parent, qu’on saura forcément quoi faire. Bien sûr nous ne sommes pas entièrement dépourvu, nous avons souvent des exemples autour de nous. Nous avons vu nos oncles et tantes s’occuper de nos petits cousins, notre mère faire avec nous. Nous avons vu des films, des émissions où des adultes s’occupent d’enfants.
Et oui il y a aussi une part d’instinct là dedans, quand il n’est pas étouffé par les injonctions et notre propre histoire.
Et puis il y a ces autres parents, ceux que tu croises à la sortie de l’école, dans les magasins ou la rue. Tu sais cette maman qui a toujours l’air de tout maîtriser ? Ou ce papa qui s’occupe avec facilité de ses 3 enfants au parc ?
Et je ne parle même pas des réseaux sociaux, et leurs lots de photos de famille parfaite en sortie, tout le monde bien habillé et le récit d’une journée parfaite.
Tout les autres y arrivent, alors pourquoi est-ce que moi je galère autant ?
Tu t’es déjà posé cette question ? Moi oui. Plusieurs fois. Et d’ailleurs, ça m’arrive encore, comme quoi les idées préconçues ont la vie dure.
Parce que je sais, en fait, que ce que je vois à l’extérieur, sur les réseaux, ce n’est PAS la réalité. C’est ma perception, ou l’image que les gens laissent paraître. On parle facilement de ce qui va bien. Beaucoup moins de tout ce qui ne va pas. Et c’est bien dommage.
Les enfants, ce n’est QUE du bonheur.
Avec tout ça, comment veux-tu te sentir moins que nulle quand tu n’y arrives pas ? Parce qu’on cultive cette idée que c’est facile pour tout le monde. Parce que personne ne montre quand c’est dur. Au final chaque parent se retrouve isolé dans ses difficultés, incapable de les partager de peur de ce que pourrait penser ces autres parents.
Quand maman (ou papa) devient votre seul nom
Je me souviens de ce matin. Ma petite devait avoir moins d’un an, la grande était en moyenne section. J’avais fait comme tout les matins : me préparer, préparer les affaires pour l’école et la nounou, préparer les enfants pour que leur père puisse les emmener à l’école et chez l’assistante maternelle… Et puis j’étais monté dans ma voiture, prête à aller au travail, le moteur en route. Et mon estomac s’était rappelé à moi.
J’avais oublié de prendre mon petit déjeuner.
Prise dans le tourbillon des obligations, des choses à faire et à penser pour les autres, j’avais oublié quelque chose d’aussi essentiel que de me nourrir !
C’est dingue comme il est facile de s’oublier quand on devient parent. On en perd presque son identité. Je n’étais plus Aude, j’étais la maman de Miss M et Miss J.
J’organisais ma journée autour de mes filles. Mes pauses étaient consacrées à gérer tout l’administratif, des rendez-vous chez le médecin à l’inscription à la cantine, en passant par les déclarations de salaire de l’assistante maternelle.
Mes discussions, quand elles ne concernaient pas le travail, parlaient des progrès de la petite dernière, ou de l’organisation de l’anniversaire de la grande.
Si je trouvais un moment pour me poser à la maison, je prenais généralement un livre qui parlait de parentalité. Parce que le sujet m’intéressait certes (la preuve, j’en ai fait mon métier, ce n’est pas peu dire). Il n’empêche que ça restait centré sur mon rôle de maman.
Quand toute votre vie ne tourne soudain que sur ce seul rôle de parent, comment est-ce que vous pouvez échouer ? Comment pouvez-vous simplement vous donnez l’autorisation de vous dire “je n’y arrive pas, c’est compliqué, j’ai besoin d’aide.” ?
Est-ce si grave ? Je suis sûre que ça va passer
Imaginons que vous soyez d’accord avec l’idée de demander de l’aide. A partir de quand est-ce que vous vous l’autorisez ?
Est-ce que c’est quand vous êtes épuisée parce que le petit dernier ne fait toujours pas des nuits complètes ? Après tout c’est normal, tout les bébés ne font pas des nuits entières dès les 1er mois.
Est-ce que c’est quand la cadette mord un copain à la crèche ? Il paraît que ça passe cette phase, vous allez bien réussir à faire abstraction de la culpabilité.
Est-ce que l’aîné qui refuse de faire ses devoirs au point que chaque soir devient une galère, c’est assez ? C’est vrai que c’est pas drôle les devoirs, mais c’est important.
Alors c’est quoi, le bon moment pour demander de l’aide ? Et puis est-ce qu’un coach c’est vraiment utile pour ces sujets là ?
Je te le disais plus haut, je ne pensais pas que j’aurais des sujets qui vaillent un coaching quand je faisais des exercices avec mes collègues.
Miss J, 4 ans, qui refuse de s’endormir seule ? Je fais avec, ça finira par venir.
Miss M, 7 ans, qui se met soudain à crier sur sa sœur ? C’est normal les conflits dans les fratries.
Et puis j’ai parlé avec mes collègues, pour l’exercice.
J’ai posé combien c’était lourd de rester parfois 1h à côté de miss J, et combien c’était injuste pour miss M parce que je n’étais pas disponible pour elle du coup. J’ai pu explorer ce qui serait OK pour moi. Pas pour la famille lambda, pour MOI. Et quand j’ai été au clair avec ça, j’ai pu commencer à faire les choses différemment. Il n’y a pas eu de miracle, ça prend du temps. Mais maintenant Miss J s’endort seule après un moment passé avec moi. Parfois elle me rappelle, parfois non. Et j’ai du temps pour ma plus grande aussi.
J’ai réalisé à quel point miss M prenait sur elle la plupart du temps, faisait en priorité plaisir à sa sœur. Sur le moment, ça m’a fait mal, ça m’a rappelé mon histoire. J’ai vu tous les efforts qu’elle faisait jusqu’à ce que ça soit l’effort de trop, celui qui la faisait exploser. Tout ça, c’est l’accompagnement de mes collègues qui m’en a fait prendre conscience. Parfois, il y a des choses qu’on ne veut pas voir, parce que c’est trop douloureux pour nous. Aujourd’hui j’ai donné des permissions à Miss M. La permission de dire non à sa sœur. La permission de se mettre en 1ère. Est-ce qu’il y a toujours des conflits ? Oui, là encore pas de miracle. Et petit à petit on apprend à faire autrement.
Et concrètement, comment je sais pour MOI ?
La première chose c’est de prendre le temps de s’écouter. Est-ce que tu es heureux-se ? Est-ce qu’il y a des moments où c’est difficile, où tu te sens perdu-e, où tu ne sais plus comment réagir ? Ou peut-être que tu réagis toujours de la même façon, sans te poser de questions… Parce que tes parents faisaient ça, parce que c’est que te disent tes amis… Mais tu sens au fond de toi que ça ne te conviens pas, tu n’es pas confortable.
Ou peut-être que tu as des questions, tout simplement. Et que tu ne sais pas à qui les poser. Que tu trouves tout et son contraire sur internet…
Ou il y a ce comportement de ton enfant qui te fais sortir de tes gonds. Cette situation que tu ne supporte plus. Ce moment de la journée qui se répète chaque jour, où tu as essayé milles choses et que rien n’a changé.
Peut-être que tu te sens épuisé-e, fatigué-e, perdu-e. Que tu t’es mis-e en mode automatique, que tu ne prends plus plaisir à rien.
Peut-être que tu as envie que les choses changent à la maison, mais que tu ne sais pas comment faire ?
Ou encore, il se passe quelque chose de difficile pour ton enfant, ou pour ta famille, et tu ne sais pas comment l’aider.
Plus globalement, tu aimerais améliorer les relations, la façon dont les choses se passent, avec toute la famille ou un seul enfant.
Il n’y a pas de petites raisons de demander de l’aide, d’aller chercher une expertise, un accompagnement. Il y a toi, comment tu te sens, et ton besoin.
Et il y a moi, qui peut t’accompagner sur ce chemin. Moi ou mes collègues, parce que je ne suis pas seule, et que c’est tout un réseau de professionnelles merveilleuses.
Tu n’es pas obligé de cheminer seul-e
Je le dis souvent : être parent, c’est le métier le plus difficile au monde.
Même quand tu as lu tous les livres. On ne cesse jamais d’apprendre à être parent.
Aujourd’hui, j’invite tous les parents à s’autoriser à demander de l’aide. Pas forcément à un professionnel, ça peut être à une amie, un voisin, quelqu’un de la famille.
Autorisons-nous à dire quand c’est difficile. Demandons à être écouté-e, juste ça, dans nos galères.
Tu peux aussi participer à un atelier, un groupe de parents, on en trouve de plus en plus.
Je l’avais fait, quand j’étais juste maman. Entendre d’autres parents dire qu’ils galèrent aussi, c’est libérateur. Soudain tu n’es plus nulle, tu es comme les autres. Et vous pouvez me croire, galérer ensemble, c’est bien plus facile que de galérer seule.
Alors, est-ce que tu as besoin d’un coach parental ? Toi seul-e peut répondre à cette question. Et sache que si tu décide de demander de l’aide, je serai ravie de t’accompagner sur un bout de chemin.
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