Et si on parlait un peu de la “galère” de faire des courses en compagnie de nos chers chérubins ?
Nous en avons tous en tête des scènes, vues dans les films/pubs ou même la réalité, d’un enfant hurlant comme s’il était à l’agonie parce que son ignoooooble parent a refusé de lui acheter le dernier gadget en vogue, ou la bricole à 50€ qu’il vient de repérer.
Parfois, c’est même nous qui sommes au centre de cette scène…
On repasse sur l’embarras du parent ? Les regards en coin des gens qui passent ? Les réflexions à voix basse (ou pas d’ailleurs) ?
La peur du jugement
Se retrouver en tant que parent dans cette situation, c’est se retrouver face à notre bonne vieille peur du jugement :
Bon sang tout le monde va voir que je suis une mère horrible !
Avec un enfant hurlant à côté de nous, difficile de faire abstraction des réactions des gens qui nous entourent. Regards que l’on va trouver accusateurs, gens se chuchotant forcément à quel point vous êtes nulle, et parfois on aura carrément la personne qui va décider de s’en mêler…
Si on a de la chance, ça sera un parent compatissant qui a déjà été dans la même galère et qui viendra nous demander si on a besoin d’aide, simplement.
Si on a moins de chance, ça sera peut-être la mamie qui viendra vous faire une remarque pas du tout aidante qui vous enfoncera juste un peu plus.
Moi de mon temps, les enfants savaient se tenir, pas comme aujourd’hui où ils cassent les oreilles de tout le monde parce que les parents ne font pas ce qu’il faut !
Bref, un bon cocktail pour vous faire perdre tous vos moyens… Et tout ces regards qui nous font parfois réagir à l’opposé de ce qu’on aurait fait habituellement.
Prendre conscience de l’impact de l’environnement
Le mieux, si on en a la possibilité, c’est encore d’éviter au maximum d’emmener les enfants en courses.
Les supermarchés sont des endroits agressifs, y compris pour nous adultes, et c’est encore plus vrai pour les enfants.
La lumière, la musique, les annonces, la profusion de produits, d’affiches aux couleurs criardes…
Bref l’ambiance de tout grand magasin est volontairement hyperstimulante. Ainsi nous faisons moins attention aux détails, et nous achetons plus facilement, c’est aussi simple que ça.
Et sur les enfants, l’effet est encore plus visible.
On garde donc ça en tête : l’environnement est énervant.
Adultes comme enfants, nous voyons notre patience diminuer, tout simplement parce que tout ce qui nous entoure nous agresse déjà.
Notre “avantage” par rapport aux enfants, c’est que nous avons un but à atteindre, quelque chose pour fixer notre attention : une liste de course. En cherchant ce dont nous avons besoin, nous arrivons à éviter une partie des stimulations.
L’attention des enfants va être attirée par tout, sans avoir le temps de se fixer. Trop d’informations à traiter pour le cerveau va faire monter le stress. Et l’enfant va l’extérioriser en ayant un comportement inadapté : courir dans le magasin, toucher à tout…
Ou fixer son attention sur quelque chose qui va devenir vital, et déclencher une “crise” quand son parent va refuser de prendre la trouvaille en question.
Préparer le temps de courses
En sachant tout ça, on peut préparer la sortie courses, un peu comme une sortie en famille. Et non comme une corvée supplémentaire qu’on doit faire en ayant en plus à gérer les gosses.
Donner les règles
Comme toute sortie en famille, on donne les règles avant. Ou on demande à l’enfant s’il se souvient des règles de l’endroit depuis la visite précédente (c’est encore plus efficace pour qu’il les intègre).
On oublie pas de les donner de façon positive, surtout pour les plus petits. Pour les courses ça sera par exemple :
– Dans le magasin et sur la parking, je marche
– Je reste à côté de l’adulte
– On regarde avec ses yeux sans toucher
L’idéal c’est aussi de préciser la “mission” : qu’est-ce qu’on va chercher pendant ces courses ?
Si ce sont des courses où on a le temps de flâner dans les rayons, voir éventuellement de choisir un jouet, ou de regarder pour trouver des idées pour sa liste d’anniversaire…
Ou si ce sont des courses où on fait vite parce qu’il y a d’autres choses à faire dans la journée, et donc, on va à l’essentiel.
Prévoir de quoi répondre aux besoins
Pour les plus jeunes surtout, on prévoit de quoi répondre aux besoins de base : manger, boire, s’occuper, se reposer.
En effet, si on rajoute la faim, la soif, l’ennui ou la fatigue à l’hyperstimulation, on se retrouve vite avec un trop plein qui déborde.
Quand je devais faire les courses avec une Miss J de moins de 2 ans, je ne partais jamais en courses sans une gourde d’eau, une autre de compote, un livre ou un petit jeu pour fixer l’attention, et un moyen de portage.
Avec un tout petit, le moyen de portage (écharpe, préformé…) me semble essentiel. Si la fatigue ou l’énervement arrive, ce qui est souvent le cas vu l’agitation ambiante, les installer contre nous permet d’apaiser, et aussi de limiter la sur-stimulation.
Les faire participer aux courses
Pour éviter l’ennui, le meilleur moyen est de faire participer petits et grands aux courses.
Aux plus petits, je parle de ce que je vois, je montre certaines choses, je réponds aux questions. J’invite aussi à choisir entre 2 produits quand c’est possible.
Tu préfères prendre des compotes à la banane ou à la poire ?
En le faisant participer activement, j’aide le petit à focaliser son attention sur des choses précises, et donc à contrer l’hyperstimulation induite par l’environnement.
Même chose avec les plus grands, mais de façon encore plus active : j’envoie Miss M à la chasse aux produits de la liste, au bon rayonnage pour trouver tel autre produit, ou encore je lui demande de choisir le paquet de pâtes qu’elle préfère pour cette semaine. Ainsi l’attention est focalisée, et on évite la trop grande stimulation de l’environnement mais aussi l’ennui des courses où on ne fait que suivre l’adulte…
Et quand l’enfant “réclame” ?
Reste bien entendu le potentiel :
Car bien entendu on ne pourra pas éviter à tous les coups ce qui pourrait attirer l’attention de notre enfant.
Reconnaître l’envie et l’intérêt pour ce qu’ils sont
Alors que l’enfant a juste attiré notre attention sur quelque chose, on a tendance à traduire d’emblée par “je veux ça”.
L’enfant n’a pas forcément exprimé l’envie de prendre l’objet en question qu’on se trouve déjà en train de répondre :
Ah non mais on achète pas !
Pourtant ce n’est pas toujours le but recherché par l’enfant. Et souvent, juste montrer de l’intérêt va combler son besoin : être en relation avec nous.
Un exemple qui me reste : je suis avec Miss M dans une enseigne de jouet pour trouver un cadeau pour une copine.
Au détour d’un rayon, nous tombons sur le château de la reine des neiges, grande favorite du moment.
Maman, maman, regarde, c’est la reine des neiges !
(A l’époque il y avait des jouets reine des neiges dans à peu près TOUS les rayons, je vous laisse imaginer l’occurrence de cette phrase).
On s’approche donc du château en question et on le détaille ensemble.
– Ah oui tu as raison, c’est le château de glace d’Elsa, qu’est-ce qu’il est grand
– Tu as vu maman, y a même une table. Et là un lit.
– C’est vrai, ils ont mis tous les meubles, et tu as vu les personnages ?
…
Et après quelques minutes, je rappelle la mission du jour : il serait temps d’aller en caisse payer le cadeau d’anniversaire de la copine.
Nous sommes donc reparties. Sans qu’à aucun moment ma fille ne me demande de lui prendre le château.
Répondre efficacement aux demandes d’achats
Bon inutile de se leurrer, commenter ne suffit pas toujours. Et dans une société basée sur la consommation, l’enfant amalgame vite envie et besoin. Du coup, quand le fameux :
Tu peux me l’acheter STP ?
(à prononcer avec une voix suppliante et des yeux de chat)
finit par retentir, on gère comment ?
Pour commencer, on peut parfois dire oui, tout simplement.
Après tout, on a le droit de faire plaisir à nos enfants de temps en temps.
Si on a pas envie de dire oui, on peut rappeler la mission du jour, si l’achat d’un jouet n’en faisait pas partie.
Au besoin, on réexplique le pourquoi, et les raisons de notre non.
Quand ce n’est pas suffisant, et qu’on voit que l’enfant n’a pas envie de lâcher, on peut trouver des compromis :
- Garder l’objet le temps des courses, en disant bien à l’enfant qu’il faudra le reposer avant de passer en caisse. Cette solution permet à l’enfant d’avoir une interaction avec l’objet, et donc du combler son envie au moins partiellement. Du coup il aura moins de mal à le laisser
- S’il y a un objet équivalent à la maison, on peut aussi le lui rappeler. Le fait de se souvenir qu’on va retrouver à la maison un objet similaire peut aider à se détacher de l’envie d’achat.
- Si l’envie est très forte, on peut aussi proposer de prendre l’objet en photo. Cette solution fonctionne très bien avec mes filles. Elle leur permet de revoir l’objet plus tard, et du coup elles ont moins l’impression de l’abandonner derrière elles.
- Si l’enfant a de l’argent de poche, et que ce qui nous bloque c’est d’investir nous dans quelque chose qui ne correspond pas à nos valeurs, on peut aussi lui proposer la solution de se l’offrir lui-même
- Enfin dernière solution, surtout pour les gros objets au prix conséquent, c’est de proposer de le noter sur une liste pour l’anniversaire ou Noël. Cette solution permet en plus à l’enfant de prendre le temps de confirmer son envie.
Et vous, c’est quoi vos trucs pour des courses en toute sérénité ?
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