Le père Noël existe-t-il ? (ou faut-il dire la vérité aux enfants ?)

par | Déc 17, 2020 | Parentalité, VEO | 2 commentaires

Comme chaque année sur les réseaux sociaux à cette période, l’on voit fleurir dans les groupes de parents une question récurrente : “Et vous, vous faites croire à vos enfants que le père Noël existe ou pas ?”

Plusieurs raisons je pense derrière ce questionnement : est-ce que vraiment il est bien de mentir à nos enfants, même si ça part ici d’une bonne intention ? Est-ce que c’est leur rendre service que de les laisser imaginer qu’un vieux monsieur vêtu de rouge va leur apporter des cadeaux ?

Et puis il y a aussi ceux qui craignent (un peu comme moi je l’avoue), que ce genre de chose leur arrive :

“Aujourd’hui, la directrice de ma fille, 5 ans, me convoque à l’école. L’air sévère, elle m’explique que ma fille a avoué aux autres enfants que le Père Noël n’existait pas, et que l’institutrice a mis deux heures pour calmer toute la classe.”

VDM

Ce qu’il faudrait éviter avant tout

S’il est au fond sain de se poser toutes ces questions, et de remettre en question sa façon de voir les choses, il est certain qu’il y a une chose qui revient chaque année également : le chantage au père Noël !

Si tu es sage, le père Noël t’apportera ce que tu as demandé, sinon…

Combien de fois avons-nous entendu nous-même cette menace quand nous étions enfant ? C’est devenu tellement anodin qu’on ne se rend même plus forcément compte qu’on la reprend. Et pas juste nous parents, mais aussi à l’école, au centre aéré, voire de la part d’inconnus dans la rue…

Au fond cette phrase c’est juste la variante de fin d’année du “Si tu continues [ton comportement que moi parent je n’approuve pas], tu seras privé de [jeux vidéo / télé / bonbons / sorties / argent de poche/ …]” que chaque parent peut être amené à utiliser quand il ne sait plus quoi faire pour que son enfant l’écoute.

Et comme pour ces menaces/punitions, la version de fin d’année n’est pas réellement éducative. Elle apprend juste à l’enfant à ne pas se faire prendre, sans qu’il ait la possibilité de comprendre en quoi son comportement peut être un soucis.

Et si on fait sans chantage alors, on peut faire croire au père Noël ?

Je n’ai pas de réponse tout faite. J’ai ma réponse, et ça reste la mienne, avec mes raisons et mes valeurs.
Ma réponse, c’est que de faire croire absolument, sciemment, à ses enfants que le père Noël existe, c’est un mensonge. Et je refuse de mentir à mes filles.

Je refuse de mentir à mes filles, y compris sur le père Noël, parce que je veux que mes filles me fassent confiance, et que la confiance ça se mérite.
Si je commence à leur mentir, même avec la meilleure intention du monde, comment est-ce que je peux ensuite attendre d’elles qu’elles me croient le reste du temps.
Certain diront que c’est anodin, pas un “méchant” mensonge, et peut-être. N’empêche que quand l’enfant découvre la vérité, il découvre aussi que son parent peut lui mentir. Pour le père Noël, la petite souris, les cloches ou le lapin de Pâques… Et donc pour tout le reste aussi.

Et comme je le disais, tout cela ça fait partie de mes valeurs. Je n’aime pas qu’on me mente. Et je ne veux pas faire à d’autres ce que je ne voudrais pas qu’on me fasse. Parce que mes filles, et les autres enfants, sont aussi des personnes, ça implique que je ne veux pas leur mentir.

Du coup on fait quoi ? On casse le rêve de nos enfants ?

Là encore, pas de réponse toute faite, c’est à la sensibilité de chacun. Personnellement, je ne fais rien pour faire croire à mes enfants que le père Noël existe. Je cache certes les cadeaux et ils arrivent sous le sapin, mais c’est plus pour garder la surprise, et aussi parce que souvent nous ne fêtons pas Noël seul. Mettre les cadeaux sous le sapin la nuit n’engage à rien pour moi, mais pour ceux qui veulent garder la légende du père Noël intact, mettre ouvertement les cadeaux sous le sapin pour suivre ma façon de penser va à l’encontre de ce qu’ils veulent faire.
Depuis qu’elles sont petites, mes filles me voient préparer chaque année les gourmandises qui ensuite rejoignent les autres cadeaux sous le sapin.

Globalement, je n’ai jamais dis ouvertement et franchement à mes filles “non, le père Noël n’existe pas”. Déjà, parce que je ne suis pas certaine que leur père soit tout à fait d’accord avec ma façon de voir les choses. Ensuite, pour la raison citée plus haut : j’avoue que je crains beaucoup qu’elles clament ensuite haut et fort à tous les autres enfants qu’elles croisent que le père Noël n’existe pas.

Cette année miss M a 8 ans. Elle m’a déjà posé la question par le passé “hein pas vrai maman que le père Noël il existe ?”. Je n’ai pas répondu oui, je n’ai pas répondu non, je lui ai demandé ce qu’elle en pensait, ce en quoi elle croyait elle. A l’époque, la réponse était “ben oui je sais qu’il existe moi”. Elle avait décidé (sans aucun doute influencée par les histoires, par l’école, par le reste de la famille… Je ne me leurre pas) d’y croire, et j’ai respecté ça.
Cette année donc, on a eu l’occasion d’en reparler, et je sais qu’elle sait. Et elle a décidé de continuer à y croire quand même, de continuer à imaginer dans sa tête que ce joyeux personnage existe bel et bien. Même si elle sait.

Et puis il y a Miss J, 5 ans cette année. Qui a décidé de faire le père Noël pour son petit cousin, en lui offrant certain jouets qui ne sont plus de son âge. Elle est très contente de faire le père Noël. Et de me glisser à l’oreille “Mais il faut que ça reste un secret hein, il faudra pas dire à A. que c’est moi le père Noël”.
Elle sait aussi, et elle choisit d’y croire encore, et de garder le secret.

Pour moi la différence est là. Il n’y a pas eu de mensonge, pas d’insistance sur l’existence d’un Bonhomme vêtu de rouge qui dépose chaque année des cadeaux au pied du sapin. Il y a eu des livres avec des contes de Noël, des discussions autours de ce qu’elles croyaient elles, maman qui faisait chaque année des petits paquets pour les adultes, sans se cacher…
Et que la magie de Noël peut exister et se partager de tellement de façon. Notamment dans le plaisir d’offrir, et de laisser nos enfants endosser eux aussi le costume du père Noël.

Parce qu’il y a tout simplement un monde entre laisser croire et faire croire.

Au delà du mensonge…

Sans s’arrêter au seul aspect du mensonge dans cette histoire, plusieurs choses me gênent dans le fait de faire croire aux enfants que le père Noël existe : c’est un bonhomme imaginaire qui reçoit tout le contentement des enfants quand ils ouvrent les cadeaux, sans que la personne qui a actuellement fait l’effort de dénicher le-dit cadeau ne reçoive une part de ce contentement.

Pour cette raison, et depuis le début, quand mes filles déballent leur cadeau, je précise de quel père Noël il s’agit, à coup de “ah tiens, ça c’est le cadeau du père Noël de tata”. Bon c’est toujours le père Noël qui reçoit la gratitude, mais au moins tata est citée, ça vient par son biais…
Et cette année, mes filles étant dans “le secret” même si elles ne veulent pas l’avouer franchement encore, elles sauront que c’est vraiment de cette personne que vient le cadeau.

De plus en plus aussi, j’essaie de glisser que chacun est le père Noël de quelqu’un d’autre, notamment quand elles me demandent ce que je fais lorsque je m’occupe de mes chocolats maison, je répond souvent que je fais le père Noël pour les adultes. Avant l’interprétation de mes filles était que le père Noël ne passe que pour les enfants, et que donc moi je faisais les cadeaux pour les grands.
Avec Miss J qui a décidé de faire aussi le père Noël pour son cousin cette année, je suis contente de leur avoir transmis ça.

L’autre aspect qui me dérange, sans doute encore plus, c’est cet empressement que nous avons à pousser nos enfants vers des inconnus de rouge vêtu, pour une photo, qui souvent demanderont un bisou que l’enfant se sentira obligé de faire pour avoir ses cadeaux ou en échange d’un bonbon.
Quel contradiction avec le reste de l’année où nous recommandons sans cesse à nos chers petits de ne pas parler aux inconnus, surtout s’ils promettent cadeaux et bonbons. comment rester cohérent avec ces deux discours antagonistes ? Et comment espérer que nos enfants s’y retrouvent ?

La magie de Noël

La magie de Noël que je veux transmettre à mes filles, c’est celle du plaisir d’un moment partagé, du plaisir de faire plaisir. De passer des heures en cuisine pour délecter les papilles de plaisirs sucrés, de réfléchir à ce qui fera le plus plaisir à mon filleul et d’imaginer sa joie, voilà la magie que je veux partager.

Car pour moi Noël, ce n’est pas un bonhomme rouge à barbe blanche, c’est l’ambiance qui flotte dans l’air, le temps partagé, le plaisir du repas, les décorations qui scintillent, les musiques insupportables, les rires d’un bon moment…
Et tout cela, nous n’avons besoin de personne pour nous l’apporter.

L’imaginaire des enfants fonctionnent déjà à plein régime, nous n’avons pas besoin d’inventer des histoires à leur place. Ou alors, nous pouvons le faire, mais il faut que ça reste des histoires. Parce qu’après tout les histoires sont magiques, elles nous font rêver et voyager. Et quoi de plus normal que de vouloir que certaines d’entre elles deviennent réalité.

Il était une fois, un pays magnifique où les enfants ne craignaient rien. Jamais personne ne levait la main sur eux, et on s’adressait à eux, comme à toute autre personne, avec respect et empathie…

Joyeuses fêtes à tous !

Pour aller plus loin

N’hésitez pas à aller d’autres articles sur le sujet, avec parfois d’autres points de vue que le mien, comme par exemple ceux sur le site de l’OVEO ou encore d’Egalimère.

2 Commentaires

  1. Rynn

    Chantage, Mensonge, Incohérence, Absence d’éveil à la gratitude … tout est dit lol !!
    J’ai le même point de vue sur la chose depuis 1 ou 2 ans, mais mon conjoint lui ne conçoit pas la magie de Noël sans Père Noël et sa famille non plus !! Compliqué tout ça ^^’
    Contente de lire que quelqu’un partage mon sentiment ^^

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    • leanorastory

      compliqué oui, mais ça se gère. On peut rester fidèle à ses convictions sans casser le mythe (avec des petits en tout cas, quand ils grandissent ça se complique sûrement). Nous on précise toujours de quel père Noël il s’agit comme je disais. Pour le moment ça ne fait pas sens, mais dans quelques années sans doute que oui.
      Des fois je questionne la certitude de ma grande mais je n’insiste jamais trop. Et on réinvente les histoires à notre façon, comme ça ça montre aussi que justement ce ne sont que des histoires. Cette année on a raconté comment les fées aidaient le père Noël, parce qu’il ne peut pas voler tout seul, c’est grâce à la poussière de fée ^^

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